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Libin - son histoire

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En l’absence de fouilles archéologiques, l’origine des villages libinois reste obscure. Libin n’a livré jusqu'à présent que peu de traces d’occupation ou de passage des hommes préhistoriques. Citons quelques silex épars, une hache néolithique trouvée Derrière Praister à Villance et une lance de l’époque du bronze tout récemment découverte à l’est du territoire de Smuid. Les premiers vestiges remontent à l'époque des Celtes (la Tène) qui, en recherchant de l'or dans la vallée de la Lomme, ont abandonné de nombreux tertres composés d'alluvions tamisées. Les Romains ont laissé plusieurs toponymes et une Villae qui est à l'origine de Villance, centre historique de l’actuelle commune de Libin. Jusqu’à la Révolution française, l’administration des deux hameaux de Libin-Bas et de Libin-Haut est restée dépendante de Villance. D’abord, pendant près de quatre siècles – du 9e au 13e siècle –, ils forment une partie de l’important domaine de l’abbaye de Prüm (à 80 km en Rhénanie). Dès 1394, après une période d’instabilité, la châtellenie de Villance (Libin et les villages voisins) est attribuée à Englebert iii de la Marck. Elle restera intégrée à la seigneurie de Mirwart pendant tout l’Ancien Régime.

L’histoire de Libin se confond donc avec celle de Villance, centre de la paroisse primitive et siège de la Basse, Moyenne et Haute Justice. Les 16e et 17e siècles sont particulièrement pénibles. La population peu choyée par un climat rude et un sol peu fertile, subit de nombreux passages d’armées. Famines et maladies contagieuses (peste de 1625-1636) ont apporté régulièrement leurs lots de malheurs. Libin prendra son essor lors de la construction de la route Dinant-Arlon (1767-1768), l’ancêtre de la N 40 : une succursale du moulin banal de Villance est établie sur le ruisseau de Libin, une auberge (Au cheval Noir) accueille les voyageurs, un poste de péage est installé au carrefour principal et le prêtre (personat) obtient le droit de baptiser en 1672.

L’émancipation, par rapport à Villance, suit son cours. La fin du 18e siècle apporte quelques troubles lors de la Révolution brabançonne. En 1789, les soldats de Van der Mersch se déploient dans la région de Libin. Kleinenberg établit deux compagnies (200 hommes) à Libin et reçoit l’ordre de s'emparer de tous les grains et fourrages du comptoir de Maissin destinés à l'approvisionnement du Luxembourg. Il fait envoyer huit dragons à Libin qui devient un poste avancé et un dépôt des vivres.

L’administration française installe deux mairies distinctes pour Libin-Haut et Libin-Bas auxquelles s’ajoute le village voisin de Smuid. Elles ont été regroupées en 1823 et, avec Smuid, elles forment une seule commune jusqu’en 1898. La seconde moitié du 19e siècle est marquée par de vastes programmes de reforestation. Les incultes et les anciennes « vaines pâtures » sont convertis en forêt. Les pépinières sont florissantes et grâce au tram vicinal inauguré en 1903 ce commerce prend un réel essor. Depuis la fusion, Libin, devenu le centre de la nouvelle commune, a récupéré Smuid mais aussi Anloy, Ochamps, Transinne, Redu et Villance pour former un ensemble qui correspond pratiquement à l’ancien domaine carolingien. Étrange retour aux sources ! Bien desservi par le réseau routier, Libin a conservé un caractère rural lié à l’agriculture traditionnelle et à la forêt. La commune de Libin possède une des plus vastes et des plus riches propriétés boisées du centre de l'Ardenne. Elle s'étend sur plus de 6 000 ha, en propre propriété. Les quelques activités industrielles (Éts Déom, Pierret, etc), les commerces, les petites entreprises, les métiers liés à la sylviculture et à la culture de sapins de noël (Greencap) ajoutent aujourd’hui leurs contributions au développement économique local.

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Anloy - son histoire

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Cité dans le polyptyque de Prüm, Anloy faisait partie du domaine de Villance et est resté attaché à cette châtellenie jusqu’à la Révolution française. Il était donc inclus dans le duché de Luxembourg Cependant, dès le 15e siècle, une partie de son territoire compte diverses enclaves appartenant au duché de Bouillon. Les habitants sont donc soumis à deux juridictions différentes et, bien évidemment, choisissent pour implanter leur habitation, le régime le plus avantageux. Un cartulaire de 1433 y signale une maison forte et un relief de 1574 donne un large descriptif de cette seigneurie dans lequel, les droits et les devoirs de chacun sont consignés. La partie luxembourgeoise est ensuite bien décrite dans les archives du château de Mirwart (A.É.S.H., F.A.C.M.) spécialement dans les livres de comptabilité et dans les registres de justice. Les conflits entre les deux juridictions n’étaient pas rares. Des « arpenteurs-jurés » ont dressé, à intervalles réguliers, des cartes pour préciser les limites. L’implantation du village s’est adaptée au relief mais aussi au réseau hydrographique.

L’habitat a toujours occupé une large dépression orientée est-ouest qui débouche sur la vallée de la Lesse. Les maisons s’égrainent le long de trois axes majeurs : vers Villance (son église-mère), vers Jéhonville (sa mairie pour la partie bouillonnaise) et vers Framont (communes fusionnées en l’an viii et de 1823 à 1862). Toutes ces voies convergent vers la chapelle Sainte-Cécile. La plaine alluviale du ruisseau de Chemont et de ses affluents a, pendant de longs siècles, été réservée aux prés de fauche qui fournissaient le foin indispensable à l’hivernage du cheptel d’ovins ou de bovins.

La paroisse d’Anloy était desservie par un chapelain dépendant du curé de Villance. Plusieurs désaccords ont émaillé leurs relations car le juste équilibre entre les services à rendre et les redevances à percevoir n’était pas aisé à trouver ! Dès l’an viii, les villages d’Anloy et de Framont forment une seule mairie. La forêt les sépare et la grogne s’installe rapidement. Après l’indépendance de la Belgique, en 1862, le divorce est prononcé. Anloy se gère lui-même jusqu’à la fusion des communes.

Le bâti se caractérise par une grande homogénéité et par de nombreuses fermes tri-cellulaires. On remarque rapidement que celles de la rue Lavaux ont été construites à la même époque. Elles sont le témoignage du lourd tribu que ce village a payé à la guerre, en 1914, lorsque les troupes françaises ont été « cueillies » par les régiments allemands disposés tout autour du village. Le front s’étendait de Givet à Thionville (Porcheresse, Maissin, Anloy, Neufchâteau, Rossignol, Virton…). Le 22 août 1914, en corrélation avec l’engagement de Maissin, un combat très meurtrier a opposé, sur le territoire d’Anloy, le 18e corps de l’armée allemande au 17e corps de l’armée française. Tout s’est joué sur la plaine et dans les bois qui s’étendent, au sortir du village, le long des routes de Framont et de Jéhonville. Plusieurs fois, les Français qui s’étaient déployés en arrière des lisières ont tenté de déboucher dans les plaines, mais les combattants, une fois à découvert, se sont écroulés sous le feu roulant des mitrailleuses et des tirs d’artillerie. De leur côté, les Allemands ont lancé des assauts répétés. En vain ! Finalement, obéissant à l’ordre de retraite générale, les Français se sont repliés sur Paliseul, laissant derrière eux un champ de bataille jonché de morts et de blessés. C’est à Anloy que la population civile eut à subir les pertes les plus lourdes : 49 victimes sur 480 habitants, 32 maisons incendiées sur une centaine.

 Ochamps - son histoire

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Aux confins du territoire d’Ochamps, les Celtes ont laissé comme traces de leur installation et de leur activité, plusieurs centaines de tertres d’orpaillage alignés de chaque côté du thalweg de la Large Fontaine, le ruisseau qui traverse le site de la Réserve naturelle domaniale des Troufferies. Les nombreuses nécropoles celtiques découvertes dans la région de Neufchâteau nous porteraient à croire que cette population est bien installée chez nous à l’époque de la Tène. Malheureusement, au nord de la ligne de crête qui sépare les bassins de la Lesse et de la Lomme, les archéologues n’ont, jusqu'à présent, retrouvé aucune trace de pareilles nécropoles sur le territoire d’Ochamps. Sous les Carolingiens, Ochamps mêle son histoire à celle de l’abbaye de Prüm. Comme c’était la coutume, l’abbaye confiait une partie de son domaine à un avoué chargé de veiller à l’intégrité du domaine, à la défense des droits de l’abbaye et à la protection des habitants, de leurs usages et de leurs coutumes. Avant 1222, l’avoué du domaine de Villance était le seigneur de Cons-la-Granville qui tenait personnellement le village d’Ochamps ainsi que le patronage de son église. Dans la première moitié du 13e siècle, il s’empare de Villance, par le biais de l'avouerie et le vend au comte de Luxembourg. Peu d’années après, en 1271, les seigneurs de Rochefort acquièrent le territoire d’Ochamps qui est définitivement détaché de Villance. Le patronage de la cure est attribué à l’abbaye Saint-Remy qui reçoit la collation de la quarte chapelle dédiée à saint André. En 1342, les habitants d'Ochamps se mettent sous la protection du comte de Luxembourg, Jean l’Aveugle, s'obligeant à lui payer annuellement une géline par feu et un quartel d'avoine. Par le mariage d’Agnès de Rochefort-Walcourt et d’Évrard de la Marck (1408-1441), la seigneurie glisse dans l’escarcelle de cette puissante famille. En 1444, l'héritage d'Évrard se partage entre ses quatre fils. Louis ier de la Marck reçoit Ochamps. Plus tard, Anne, une des filles de Louis ii, épouse Louis, comte de Stolberg (1467-1538). Ochamps est resté dans cette famille, en passant par les Lowenstein, jusqu'en 1755, lorsqu'une décision judiciaire est intervenue et a rendu aux Stolberg la seigneurie d'Ochamps. À la Révolution française, les biens des Stolberg sont nationalisés et vendus. C’est ainsi que le site de l’ancienne ferme de la Roche Renaud (Maubeuge) est vendu à Guillaume Douny de Maissin pour finalement se retrouver, en 1901, propriété du baron Coppée.

L’implantation d’un château (Roumont) et de différentes fermes-châteaux imposantes caractérise les abords du village d’Ochamps. Suite à la crise alimentaire qui a sévi pendant l'année 1846, le gouvernement belge promulgue une loi obligeant les communes à vendre les incultes ou à les mettre en valeur. Cette loi va modifier le paysage ochamptois. En quinze ans, la commune d'Ochamps vend plus de 630 hectares de landes à défricher pour pouvoir procéder à des plantations dans ses propres landes. Des lots de plus de cent hectares sont acquis par des industriels (Van Cutsem, Van Volsen, Quarré...). La mise en valeur de ces terres et la construction des fermes-châteaux de Nargaufay, du Peroy, de Gerbaifay et de Maubeuge datent de cette époque. Un programme de reforestation – dominé par des monocultures d'épicéas – est alors entrepris sur les terres les plus éloignées, transformant fondamentalement le paysage du haut plateau. Ce sont ces hautes pessières que l'on traverse donc d'abord lorsqu'on se laisse glisser de la ligne de crête vers la cuvette du site des tourbières. Le peintre André Collin a laissé de nombreuses toiles inspirées des paysages rustiques du 19e siècle. L’or des genêts et le mauve de la bruyère marquaient les saisons en couvrant les immenses landes que nous avons peine à imaginer aujourd’hui.

De nos jours, si Ochamps garde un caractère rural grâce à ses quelques fermes en exploitation, le village est surtout devenu résidentiel et sa population ne cesse d’augmenter. La qualité de son environnement justifie cet essor même si la cause principale est sa proximité avec Libramont. Ochamps devra attendre la fusion des communes de 1976 pour de nouveau retrouver sa place dans ce qui était le territoire de l’ancien domaine carolingien.

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Redu - son histoire

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Étonnamment, Redu n’est pas repris dans la composition du domaine carolingien de Villance alors que le hameau de Lesse y est cité (893). Une hypothèse semble plausible: une partie de l’habitat se trouvait dans la vallée en bordure de la Lesse et les manses cultivés s’étendaient dans la cuvette qu’occupe le village actuellement. Le nom de Redu apparaît pour la première fois en 1139 dans la bulle du pape Innocent ii qui prescrivait à certaines paroisses de participer aux pèlerinages annuels des Croix banales de Saint-Hubert (elles existaient depuis plus d’un siècle). Le lieu-dit La virée des croix pourrait dater de cette époque lointaine où chaque « chrétienté » devait porter à la célèbre abbaye des offrandes en nature (fromages).

La famille de Cons-la-Granville qui tenait l’avouerie de l’abbaye de Prüm a détaché Ochamps du domaine et Jacques de Cons a vendu Villance au comte de Luxembourg en 1240 et inféodé Redu, en novembre 1282, au chevalier Raus, sire de Montquintin. Les villages de Redu, Lesse et Séchery deviennent un arrière-fief dépendant directement de Mirwart. Cependant, s’ils forment à cette époque trois villages séparés, leurs habitants sont rassemblés dans une seule paroisse, un seul ban mais deux seigneuries. Au 16e siècle, la seigneurie de Lesse-Séchery est tenue simultanément par deux seigneurs. Chacun en possède une moitié. La première part appartenait au seigneur de Beauraing, de Berlaymont et d'Herchies. Pour la seconde, nous ne possédons aucun document antérieur à 1562, date à laquelle elle dépendait de la famille de Rubempré. Quant à la seigneurie de Redu, il semble bien qu'elle était liée à cette époque à la famille de Daverdisse. En 1530, Adrienne de Daverdisse a épousé Jean de Vervoz et Redu est passé à la maison de Vervoz. Comme Redu formait une seigneurie et Séchery-Lesse, une autre, cela impliquait deux cours de justice, formées par un mayeur et des échevins nommés par le seigneur.

Un record de 1526 nous apprend que le sol pauvre de ce territoire offrait peu de récoltes (seigle et sarazin), que les rotations des cultures étaient longues, que les prairies devaient être « abissées » et qu'une partie de certaines forêts était régulièrement « essartée ». Toute l'étendue du territoire était gérée lors des plaids généraux qui avaient lieu trois fois par an et qui réunissaient tous les « combourgeois » du ban. Lors de ces réunions, les bourgeois se répartissaient les aisances à ensemencer, les lieux de pâturage et les périodes de libre parcours pour le troupeau commun. Ils procédaient à la nomination des pâtres, des bouviers, des herdiers. Dans les forêts usagères, ils organisaient les coupes de bois de chauffage, de bois de « maisonage » (droit de maronage) ainsi que les grands usages appelés droits d'essartage, de panage ou de pacage. Comme on peut le constater, la communauté formait un noyau de base qui assurait la pérennité de ces petites sociétés villageoises. Pendant tout l’Ancien Régime les trois villages ont gardé cette structure : deux seigneuries et un seul ban formant un arrière-fief de Mirwart. Comme dans les villages voisins, les habitants de Redu montaient la garde au château et ont subi, pendant le milieu du 17e siècle, de nombreux passages d’armées. Par exemple, en 1656, lorsqu’une compagnie de cavalerie de Croates était logée à Villance, de nombreux Redutois ont été victimes de la soldatesque. Seuls six hommes étaient encore capables de porter les armes, pour dix-neuf à Transinne.

     En 1722, Charles VI, le père de Marie-Thérèse d’Autriche, souhaitant encourager les projets de la Compagnie Maritime d'Ostende, décrète la construction d'une nouvelle route qui devait traverser le Luxembourg. Le projet va désenclaver Redu mais ne sera terminé qu’en 1791. Jean-Baptiste Magin en a profité pour installer « L'Auberge du Cheval Blanc » à Hamaide. Pendant la révolution brabançonne, le général commandant les troupes autrichiennes, le comte Baillet-Latour, avait établi son quartier-général près d'un moulin, aujourd'hui disparu, sur la rive gauche de la Lesse, quelques centaines de mètres en dessous du pont des Barbouillons, à 1,5 km de Séchery. Le 1er janvier 1790, Kleinenberg a retiré ses troupes de Libin. Le 13, avait lieu le combat de Neupont (Ry du Glan). On retrouvera des ossements à la gare de Redu lors des travaux d’aménagement du vicinal.

Sous le régime français, Redu, Lesse et Séchery ont formé une seule mairie incluse dans le département de Sambre-et-Meuse. Elle est passée du 23e canton de Wellin (22 août 1795) à celui de Villance (2 juin 1796) pour rejoindre finalement Wellin (8 décembre 1801).

Avec ses hameaux et ses écarts, Redu s’est développé au rythme de ses voisins. Mais en 1964, le village est en état d'alerte. La Belgique et les Pays-Bas viennent de signer un traité par lequel notre pays s'engage à fournir de l'eau douce à son voisin en compensation d'une liaison directe entre L'Escaut et le Rhin. L'administration présente un premier projet de barrage situé à Daverdisse qui fournirait une réserve de 200 millions de mètres cubes mais en noyant complètement le village de Lesse. La saga des barrages venait de commencer pour ne s'éteindre que dix ans plus tard lorsque le méga projet fut abandonné. L’installation de l’Agence Spatiale Internationnale (E.S.R.O. puis E.S.A.), en 1968, n’est pas parvenue à endiguer le déclin démographique. Ce n’est qu’avec l’installation du Village du livre à l’initiative de Noël Anselot, que Redu s’est reconverti et a abandonné progressivement son caractère agricole pour trouver la spécificité qu’on lui connaît aujourd’hui.

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Smuid - son histoire

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Citons d’emblée une découverte archéologique récente. En 1999, une pointe de lance de l’âge du bronze a été mise à jour fortuitement le long de la Lomme sur le territoire de Smuid. L’objet a été mis en dépôt pour étude au musée des Celtes de Libramont. Les origines de Smuid restent nébuleuses puisqu’il n’était pas compris dans le domaine carolingien de Villance. La première mention écrite date de 1071. De concert avec sa mère Richilde, comtesse de Hainaut, Arnould III, comte de Flandre, donne l'alleu de Smuid à l'abbaye de Saint-Hubert. On sait aussi qu’à cette époque, les fidèles se rendaient à l’église d’Arville, une succursale de l’église primitive de Lorcy. La date du rattachement à la châtellenie de Mirwart ne nous est pas parvenue mais pourrait bien correspondre à un acte de 1381 par lequel Wenceslas de Bohême, duc de Luxembourg, accorde des franchises à certains villages, notamment celui de Smuid sans préciser s’il est déjà attaché à la seigneurie de Mirwart.

En 1479, une sentence est rendue par le Grand Conseil de Malines, par laquelle Philippe de Croÿ est remis en possession (contestée par Évrard de la Marck) des terres et seigneuries de Lomprez, Mirwart et Villance et leurs dépendances. Dans cet acte, Smuid est cité comme appartenant à le châtellenie de Mirwart. L’histoire du village se mêle à celle de cette puissante seigneurie pendant quatre siècles et les corvées étaient identiques pour les sujets de toute la Terre de Mirwart : moudre au moulin banal, faucher le breuil, monter la garde au château, etc.

L’église primitive, dédiée à saint Jean-Baptiste et à sainte Marguerite, fut construite en 1580 au centre du cimetière grâce à une donation de Marguerite de la Marck qui tenait la seigneurie de Mirwart. Elle en devint la patronne et avait donc la faculté de nommer le desservant. L’histoire a peu évolué sous l’Ancien Régime. Plus tard, en pleine tourmente républicaine (1800), l’abbé Nicolas Thomé a réuni le conseil de Fabrique pour trouver rapidement une parade à la mise en vente des biens de son église : fonder une société pour les racheter. Une démarche exceptionnelle et réussie puisque cette société a survécu sans heurt pendant trois générations. Après le Concordat, les paroisses de Smuid et de Mirwart ont été réunies jusqu’en 1830.

Dès 1819, la section de Smuid est rattachée à Libin mais en 1898, suite à la sollicitation des habitants, elle est érigée en commune distincte et prend son destin en mains jusqu’à la fusion des communes en 1976. Au cours de ces dernières décennies, les activités agricoles traditionnelles se sont raréfiées. De nombreuses nouvelles constructions se sont établies en périphérie du centre ancien pour profiter des larges horizons sur la vallée de la Lomme.

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Transinne - son histoire

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Depuis l’époque carolingienne, l’histoire de Transinne se confond avec celle de Villance, le centre du domaine. Outre les perceptions dues par les habitants, le polyptyque de 893 renseigne le curé de Villance, Hartbertus, qui, outre le revenu de trois manses à Villance, détenait le bénéfice d'une chapelle à Transinne. Pendant quatre siècles, les seigneurs de Cons-la-Granville, les avoués de l'abbaye, ont régné en souverains maîtres sur les destinées des habitants du domaine. Lorsqu’il a quitté le giron de l’abbaye allemande au 13e siècle, Villance (et Transinne) a connu une période d’instabilité, passant de mains en mains au gré des ventes et engagères dans le Hainaut, Luxembourg, Namur et Liège. Lorsque finalement Evrard iii de la Marck s’en empare en 1412, Transinne est englobé pour près de quatre siècles dans le ban de Villance et suit sa destinée. Il fournira quelques échevins dont Jean Halle (1757), le père d’un jésuite brillant qui enseigna la philosophie à Luxembourg de 1773 à 1791.

Nous ne pouvons qu'imaginer la vie quotidienne des Transinnois à cette époque. Chaque famille cultive quelques lopins de terre, élève quelques vaches, les « rouges bestes », et quelques moutons, les « bestes à laine », qu'elle confie à un herdier. Quelques-uns sont « manouvriers », soldats ou artisans. En plus du travail de la terre, ils sont astreints à des corvées. Ils doivent entretenir les bâtiments et le mécanisme du moulin banal, monter la garde à la tour fortifiée de Villance, faucher et faner le pré du seigneur appelé le « breuil ». De nombreux procès témoignent de la résistance des habitants de Transinne qui, réunis en assemblée vinagère, rechignaient à exécuter tous ces travaux. Il faut attendre la période française pour voir ce village accéder au rang de mairie puis, après l’indépendance de la Belgique, de commune autonome.

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Villance - son histoire

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Villance fut un vaste domaine méro­vingien (un cimetière fut fouillé sommairement en 1953 près du Grand Moulin) puis carolingien qui passa, en l'an 839, sous le contrôle de l'abbaye allemande de Prüm pendant quatre siècles. De cette période, nous conservons un document rarissime qui décrit l'ensemble du domaine (Villance et les villages voisins) avec les charges y afférentes. Cet inventaire, appelé polyptyque, a servi de document de travail à tous les médiévistes qui se sont penchés sur l'organisation rurale au Moyen Âge.

Par la suite et par le jeu des alliances, des engagères ou des conflits, le domaine de Villance passe successivement entre les mains des princes, ducs et comtes de Liège, de Luxembourg, de Namur ou du Hainaut. Au 15e siècle, ce territoire devient une châtellenie dépendant de la seigneurie de Mirwart, propriété de la puissante famille de la Mark. Cette famille noble entraîne la châtellenie dans des conflits armés aux côtés de la Bourgogne, puis de la France. Par la suite, elle se range définitivement du côté des Habsbourg d'Autriche et de l'Empire. Les relations avec la France ont souvent été sanglantes.

La tour fortifiée qui s'élevait à l'emplacement de l'église actuelle de Villance a vu le passage de quelques régiments français. En 1477, Louis xi annexe le Luxembourg. Il devra le restituer quelques années plus tard. Au 16e siècle, François Ier puis Henri II ne cessent de guerroyer contre Charles-Quint puis contre Philippe II. En 1551, les Villançois montent la garde dans la tour forte car on signale des incursions des troupes de Henri II. L'année suivante, Anne de Montmorency envahit le duché de Bouillon. En 1565, l'abbaye de Saint-Hubert est partiellement détruite par les Calvinistes conduits par le prince de Condé. Trois ans plus tard, le passage des Huguenots sème la désolation dans le quartier de Mirwart et à Saint-­Hubert. Les armées du duc de Guise ne quittent la région de Villance qu'en 1558, celles du vicomte de Turenne en 1596. Déjà en 1584, pour compenser les pertes conséquentes à ces nombreuses incursions armées, Philippe ii avait octroyé, par lettres patentes, le droit d’organiser trois foires annuelles et des marchés hebdomadaires. Répondant aux besoins et aux visées du seigneur (Marguerite de la Marck tient à ce moment Mirwart) et accessoirement des habitants, ces foires et marchés supposaient la présence d'une population suffisante et l'existence de besoins qu'on puisse satisfaire notamment par les surplus des productions locales et régionales présentés à la vente.

Le 17e siècle sera tout aussi catastrophique ! De nouvelles invasions par le duc de Clèves, puis par les armées de Louis xiii et de Louis xiv, laissent la Haute-Lesse dans un état de désolation indescriptible. Il n'est pas bon de se trouver aux marches de deux états puissants ! Des dénombrements de feux datés de 1625 et de 1654, nous montrent que la population chute des deux-tiers et même que certains cantons sont abandonnés. La châtellenie de Villance se relève de ses ruines au cours du 18e siècle sous le règne, notamment, de Marie-Thérèse d'Autriche.

Avec la Révolution française et l'occupation de la Belgique en 1794 la destinée de Villance se mêle à celle de la France pour près de deux décennies. Les villages de l’ancien ban de Villance, auquel s’ajoutent Redu et Ochamps, sont réunis pour former le 23e canton de Wellin, département Sambre-et-Meuse. Ni l’occupation française, ni le régime hollandais qui sera imposé en 1815, n’ont satisfait les Villançois qui, avec le reste de la Belgique, ont pris leur destinée en mains en 1830. Il reste dans les archives, une lettre de revendications adressée par la commune au roi de Hollande.

Villance, comme les différents villages de Libin, profite alors d’une longue période de paix pour exploiter au mieux son territoire. Grâce à l’élevage et aux ressources de la forêt, la population se libère d’une économie autarcique et diversifie progressivement ses productions. L’école, une nouvelle église, de nouvelles routes sont créées entre 1850 et 1870. Le progrès est en marche !

D’autres pages douloureuses viennent interrompre ce lent cheminement. En août 1914, les Allemands livrent leurs premiers combats contre les régiments français à Ochamps, Maissin et Anloy. Civils tués, maisons incendiées, humiliations et déportations… sont à déplorer. Villance a servi de base arrière pendant les combats de Maissin. Ses blessures pansées, la population aura encore à connaître les affres de la seconde guerre mondiale puis… a inscrit son destin dans la société contemporaine.

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